Les pairs-médiateurs en santé mentale

En psychiatrie, la reconnaissance du savoir expérientiel des pairs aidants a déjà montré son efficacité dans de nombreux contextes. Chez les migrants, cette approche prend une dimension interculturelle encore plus forte. Elle permet d’instaurer la confiance là où le système de soins formel est souvent perçu comme lointain, intrusif ou inadapté.

Les pairs-médiateurs ne remplacent pas les professionnels. Ils agissent en complémentarité, dans une logique de proximité, d’écoute et de résonance culturelle. Leur présence humaine, leur compréhension fine des réalités migratoires, et leur engagement bénévole font d’eux des acteurs incontournables de toute politique de santé mentale inclusive et respectueuse de la diversité.

Mettre en valeur leur rôle, c’est reconnaître que l’aide psychologique ne se limite pas aux cabinets médicaux, mais peut aussi s’incarner dans un mot bienveillant, un thé partagé, une histoire racontée dans la langue du cœur.

Qui sont les pairs-médiateurs en santé mentale ?

Les pairs-médiateurs sont des bénévoles ou volontaires issus des mêmes communautés que les publics accompagnés, ou bien des personnes formées aux langues et aux références culturelles de ces groupes. Leur proximité linguistique et culturelle permet non seulement de traduire les mots, mais surtout d’adapter les idées et les vécus à des cadres compréhensibles et acceptables dans la culture d’origine.

Ils peuvent ainsi :

Repérer la souffrance psychique dans les mots du quotidien, en identifiant, dans leur propre langue et leur propre culture, les signes de détresse émotionnelle, comme les cauchemars répétés, les troubles du sommeil, l'irritabilité ou l’anxiété.

Expliquer simplement les réactions normales au traumatisme, en déstigmatisant les symptômes. Ils utilisent des images, des métaphores locales, des récits traditionnels ou des symboles visuels pour évoquer ce que la psychiatrie appelle le trouble de stress post-traumatique ou la dépression, sans jargon médical.

Animer des espaces de parole, des groupes de soutien ou des rencontres informelles autour d’un thé, dans des lieux psychosociaux aménagés pour redonner une place à l’écoute, à la parole collective et à la reconstruction des liens sociaux. Ces espaces deviennent souvent les premiers lieux de verbalisation de la souffrance.

Adapter les messages de santé mentale, en retravaillant les supports pour les publics peu alphabétisés ou parlant des langues minoritaires. Cela peut aller de la traduction de bandes dessinées sur les émotions à la création de vidéos ou de messages SMS dans la langue maternelle.

Organiser des activités psychoéducatives, ludiques ou sportives, surtout à destination des jeunes. Le « club de jeunes » est un exemple d’initiative mêlant discussion sur le stress, expression créative et prévention de la violence.

Créer des espaces spécifiques pour les femmes, où la parole peut circuler sans crainte, dans des cadres non mixtes et protégés. Ces cercles féminins permettent de lutter contre les violences de genre et de renforcer l’estime de soi.

Proposer des « causeries » adaptées aux sensibilités culturelles, anonymes ou informelles, selon les groupes d’âge ou les traditions locales, pour contourner la honte associée à la recherche d’aide.

Participer à des séances de sensibilisation communautaire, dans les cliniques mobiles ou lors de réunions informelles, en tant qu’animateurs psychosociaux. Ces séances peuvent porter sur les effets du stress ou les ressources disponibles, toujours dans un langage simple, compréhensible et non stigmatisant.

Collaborer à des projets numériques adaptés, comme des applications mobiles ou des outils d’intelligence artificielle développés avec les migrants eux-mêmes, pour renforcer l’autosoin et faciliter l’accès aux ressources en plusieurs langues.

Être un relais entre le soin et la personne, en orientant les réfugiés vers les structures de santé, en jouant un rôle d’interprète lors de téléconsultations ou en envoyant des rappels de rendez-vous personnalisés.

Recueillir des témoignages de résilience, pour montrer qu’il est possible d’aller mieux, pour inspirer d’autres parcours, et pour briser l’isolement.

Co-construire des outils avec les professionnels, qu’il s’agisse de guides à destination des personnes en migration ou de boîtes à outils pratiques pour les soignants intervenant auprès de publics exilés.

Les pairs-médiateurs en santé mentale : des personnes qui vous comprennent et vous accompagnent

Quand on a quitté son pays, vécu la guerre, l’exil ou la séparation, il est normal de se sentir mal. On peut avoir du mal à dormir, se sentir en colère, triste, ou ne plus avoir envie de rien. Mais parfois, il est difficile de mettre des mots sur ce qu’on ressent, surtout dans une langue qu’on ne maîtrise pas. On peut aussi avoir honte ou peur de demander de l’aide.

C’est là que les pairs-médiateurs peuvent intervenir.

Ce sont des femmes et des hommes issus de l’immigration, ou très familiers des langues et des cultures des personnes exilées. Ils ne sont pas médecins, mais ils ont été formés pour accompagner, écouter, expliquer et orienter. Ils connaissent la vie des personnes migrantes parce qu’ils l’ont vécue, ou parce qu’ils y sont engagés depuis longtemps.

Voici ce qu’ils ou elles peuvent faire pour vous ou vos proches :

Écouter avec bienveillance, dans votre langue, sans jugement. Vous pouvez leur parler de ce que vous ressentez : stress, cauchemars, tristesse, colère, solitude.

Expliquer ce qui se passe dans la tête et dans le corps après un traumatisme. Par exemple, ils peuvent vous aider à comprendre que certains symptômes sont fréquents et normaux après un choc, et qu’on peut aller mieux.

Organiser des moments pour parler ensemble, en petits groupes ou en tête-à-tête, autour d’un thé, dans un lieu tranquille. Ces espaces permettent de se sentir moins seul et de reprendre confiance.

Proposer des activités pour les jeunes, comme des jeux, du sport ou des discussions sur les émotions, surtout pendant les vacances scolaires ou dans les centres d’accueil.

Animer des espaces réservés aux femmes, pour parler librement de leur vécu, de leur santé, ou de leurs préoccupations, dans un cadre respectueux.

Créer des outils simples et adaptés, comme des affiches, des histoires illustrées, des vidéos ou des SMS dans votre langue, pour parler du stress ou du mal-être.

Faire le lien avec les professionnels de santé, en vous accompagnant vers un service, en traduisant, ou en vous expliquant ce que le médecin vous a dit.

Jouer des petites scènes de théâtre, pour aborder des sujets sensibles comme la dépression ou les idées noires, sans gêne ni jugement.

Partager des témoignages de personnes qui s’en sont sorties, pour montrer que demander de l’aide, ça peut vraiment changer la vie.

Participer à la création d’outils numériques, pour que les applications et les sites d’information soient utiles, faciles à comprendre, et faits avec les personnes concernées.

Les pairs-médiateurs ne remplacent pas les soignants. Mais ils sont là pour vous accompagner, pour traduire non seulement les mots, mais aussi les sentiments, les traditions, les silences.

Ils aident à créer un pont entre deux mondes, pour que la santé mentale soit accessible à tous, dans le respect des cultures et des histoires de chacun.

Parler, c’est déjà commencer à aller mieux.

Les pairs-médiateurs sont là pour écouter, guider, et marcher un bout de chemin avec vous.

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