Plaidoyer pour la santé mentale

Plaider pour la santé mentale, c’est refuser qu’elle soit considérée comme secondaire. C’est reconnaître qu’il n’y a pas de dignité humaine sans reconnaissance de la souffrance psychique. Dans les contextes de guerre, de déplacement et d’exil, la santé mentale est une dimension centrale de la survie, de la reconstruction, de la justice.

Notre ONG défend une approche politique, éthique et structurelle du soin psychique. Nous refusons la psychiatrisation des effets de la violence. Nous dénonçons les systèmes qui génèrent et aggravent la souffrance. Nous exigeons que la santé mentale soit protégée, financée, intégrée à tous les niveaux de l’action humanitaire et des politiques migratoires.

Ce que nous dénonçons

L’invisibilisation des traumatismes liés à la migration
Les parcours d’exil sont jalonnés de violences : guerres, traversées dangereuses, enfermement administratif, refus de séjour, précarité prolongée. Ces expériences laissent des traces psychiques profondes, souvent niées ou minimisées par les institutions d’accueil.

La pathologisation des personnes exilées
Trop souvent, les récits de souffrance sont suspectés de manipulation. Les troubles psychiques sont perçus comme une menace ou un obstacle à l’intégration, au lieu d’être entendus comme des conséquences normales d’expériences extrêmes. La santé mentale devient alors un outil de contrôle, non un espace de soin.

La marginalisation du soin psychique dans les politiques publiques
Les dispositifs d’accueil, les camps, les centres de rétention ou les programmes humanitaires accordent peu de place à la santé mentale. Les budgets sont dérisoires, les professionnel·le·s peu formé·e·s, les approches standardisées. Le soin devient mécanique, déshumanisé.

Ce que nous défendons

Une approche intégrée et contextualisée de la santé mentale
Le soutien psychologique doit faire partie intégrante des réponses apportées aux situations de crise, d’exil et de vulnérabilité. Il ne s’agit pas d’ajouter quelques séances de thérapie, mais de penser le soin comme une reconstruction possible dans un environnement souvent hostile.

Une reconnaissance institutionnelle de la souffrance psychique
Les troubles liés à l’exil doivent être compris comme des réponses humaines à des situations inhumaines. Nous plaidons pour qu’ils soient reconnus dans les procédures d’asile, dans les politiques d’accueil, dans les programmes de réinstallation. La parole des survivant·e·s doit être considérée comme légitime.

Un droit à la santé mentale pour toutes et tous
L’accès à des soins psychiques appropriés ne peut pas dépendre du statut administratif, de la langue, de la culture ou des moyens économiques. Il doit être garanti, gratuit, inconditionnel, et proposé dans des cadres respectueux des identités et des récits.

Nos outils de plaidoyer

Témoignages
Nous recueillons et relayons la parole des personnes concernées. Leurs récits sont au cœur de notre action. Ils montrent l’impact des politiques migratoires sur la santé mentale et donnent à voir la force de celles et ceux qui résistent.

Recherche et données
Nous menons des enquêtes qualitatives et quantitatives pour documenter les effets psychiques des contextes de violence et d’exil. Nous travaillons avec des chercheur·euse·s, des clinicien·ne·s, des anthropologues, pour construire des analyses solides, transmissibles, mobilisables.

Interpellation des décideurs
Nous rencontrons des institutions locales, nationales et internationales pour défendre des politiques de soin plus inclusives. Nous participons à des groupes de travail, rédigeons des rapports, proposons des recommandations.

Sensibilisation du grand public
Nous organisons des campagnes, des conférences, des projections, des publications. Nous voulons changer le regard porté sur les troubles psychiques en contexte d’exil. Rompre l’isolement. Ouvrir des espaces de parole.

Traumatismes psychiques

1. Nature des traumatismes dans les conflits : Les traumatismes dans les zones de conflit sont souvent le résultat direct de l'exposition à des actes de violence extrême, tels que des combats, des bombardements, des massacres ou la perte brutale de proches. Ces événements traumatisants peuvent provoquer un choc émotionnel et psychologique intense.

2. Manifestations du TSPT : Le trouble de stress post traumatique (TSPT) se caractérise par une variété de symptômes qui peuvent inclure des flashbacks, des cauchemars, des sentiments d'engourdissement et d'aliénation, de l'irritabilité, des réactions de sursaut, et une hypersensibilité aux stimuli associés aux traumatismes. Ces symptômes peuvent apparaître immédiatement après l'événement traumatique ou se manifester des mois, voire des années plus tard.

3. Impact à long terme : Les conséquences à long terme du TSPT sur les personnes peuvent être dévastatrices. Elles incluent des difficultés dans les relations interpersonnelles, des problèmes de santé mentale et physique, et une diminution de la capacité à fonctionner dans la vie quotidienne. Les traumatismes non traités peuvent également contribuer à des cycles de violence et de conflit intergénérationnel.

4. Prise en charge du TSPT : La prise en charge efficace du TSPT dans les zones de conflit est complexe. Elle nécessite des interventions psychologiques adaptées, qui sont souvent limitées dans ces contextes. Les thérapies cognitivo-comportementales, le counseil psychologique et les groupes de soutien peuvent être bénéfiques, mais leur mise en œuvre est entravée par le manque de ressources et de professionnels formés.

Dépression et anxiété

1. La dépression liée aux conflits : La dépression est un trouble mental courant dans les contextes de conflit, caractérisé par de la tristesse, un manque d'intérêt pour les activités habituelles, des sentiments de désespoir et d'inutilité, et souvent un sentiment d'isolement social. Les causes peuvent être multiples, y compris les traumatismes, les pertes subies, la destruction des réseaux sociaux et de soutien, ainsi que l'incertitude constante concernant l'avenir.

2. Anxiété et peur constante : L'anxiété dans les zones de conflit est fréquemment alimentée par la peur constante de la violence, des attaques et de l'insécurité. Cette peur omniprésente peut conduire à des troubles anxieux généralisés, à des crises de panique, et à d'autres formes de troubles anxieux.

3. Impact sur la vie quotidienne : Les personnes souffrant de dépression et d'anxiété dans les zones de conflit peuvent avoir des difficultés à s'engager dans les activités quotidiennes, y compris le travail, l'éducation, et les soins aux membres de la famille. Leur capacité à contribuer à la reconstruction de leur communauté est ainsi diminuée.

4. Défis de l'assistance en santé mentale : L'accès aux soins de santé mentale est souvent limité dans les zones de conflit. De plus, la stigmatisation sociale autour des troubles mentaux peut empêcher les personnes de rechercher de l'aide. Des initiatives de santé mentale communautaires, ainsi que l'intégration des soins dans les services de santé primaire, peuvent contribuer à surmonter ces obstacles.


Vulnérabilités spécifiques face aux conflits

Les conflits armés et les crises humanitaires ont un impact dévastateur sur les populations en général, mais certains groupes, en particulier les enfants, les adolescents, les femmes et les petites filles, sont plus vulnérables à des conséquences psychologiques spécifiques.

I. Enfants et adolescents

1. Exposition à la violence : Les enfants et les adolescents dans les zones de conflit sont souvent témoins ou victimes directes de la violence. Cette exposition précoce à des événements traumatiques peut perturber gravement leur développement émotionnel et psychologique.

2. Conséquences sur le développement psychologique : L'expérience de la guerre pendant l'enfance et l'adolescence peut entraîner des retards dans le développement, des troubles émotionnels, des problèmes de comportement et des difficultés d'apprentissage. Les symptômes de TSPT, d'anxiété et de dépression sont également courants.

3. Perturbation de l'éducation : Les conflits perturbent souvent l'accès à l'éducation, privant les enfants et les adolescents d'un cadre stable et d'opportunités de développement personnel. Cette perturbation a des conséquences à long terme sur leurs perspectives d'avenir et leur bien-être physique et psychique.

Pour toutes ces raisons, la médiation humanitaire à destination des enfants et des adolescents doit être adaptée à leur âge et à leur niveau de développement. Cela inclut un soutien psychosocial, des programmes éducatifs adaptés, ainsi qu'un environnement sécurisant pour favoriser la récupération et la résilience.

II. Femmes et filles

1. Violence sexuelle et de genre : Dans les conflits, les femmes et les filles sont particulièrement vulnérables à la violence sexuelle et à la violence basée sur le genre, y compris le viol, la traite et d'autres formes d'abus. Ces expériences traumatisantes ont des effets profonds et durables sur leur santé mentale.

2. Conséquences psychologiques des violences sexuelles : Les victimes de violence sexuelle sont à haut risque de développer un TSPT, de la dépression, des troubles anxieux, ainsi que des sentiments de honte et de stigmatisation. Ces troubles peuvent être exacerbés par le manque de soutien social et les normes culturelles.

3. Besoins en santé mentale : Les femmes et les filles nécessitent des services de santé mentale qui tiennent compte des traumatismes spécifiques qu'elles ont subis. Cela inclut des services de médiation, de conseil et de soutien spécifiques au genre, ainsi que des interventions visant à restaurer l'autonomie et la confiance.

Pour toutes ces raisons, il est essentiel d'intégrer les services de santé mentale dans les programmes d'aide générale, y compris dans les services de santé reproductive, les abris pour les survivantes de violence, et les programmes de réintégration communautaire.

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