Projets de recherche-action
 

Projet ExiLing

ExiLing : L'expression linguistique des vulnérabilités de l'exil
▶  Ce projet se concentre sur les personnes déplacées ou réfugiées, offrant des solutions psychoéducatives adaptés aux défis uniques de l'exil, comme l'isolement, la perte d'identité et la désorientation culturelle.
▶ Une composante essentielle du projet est la collecte et l'analyse des récits des personnes touchées par les conflits en Syrie et en Irak afin d'identifier les indices linguistiques et sémantiques des traumatismes psychiques. ▶ L'objectif du projet est de comprendre comment l'expérience de l'exil influence la manière dont ces personnes expriment leur souffrance psychique, en mettant en avant des schémas récurrents tels que la perte, le déracinement et la fragmentation identitaire.
▶ Le projet EXILING vise également à fournir un soutien spécialisé en apprentissage des langues des pays d'accueil pour aider les personnes à s'adapter à leur nouvel environnement, tout en traitant les psychotraumatismes liés à leur déplacement ou à leur éloignement de leur pays d'origine, à travers une collaboration étroite avec des psychologues et des psychiatres.

L'expression linguistique des traumatismes de l'exil

Perte et fragmentation de la langue maternelle

L'exil, en tant qu'expérience de déracinement, peut entraîner une perte partielle ou totale de la langue maternelle, particulièrement chez les personnes qui doivent adopter une nouvelle langue pour s'adapter à leur environnement d'accueil. Cette perte linguistique peut être vécue comme un traumatisme en soi, car la langue maternelle est souvent le lien le plus direct avec l'identité, la culture, et les souvenirs d'une vie passée.

La fragmentation du langage maternel peut se manifester par une hésitation accrue, des erreurs syntaxiques ou grammaticales, et une difficulté à trouver les mots justes pour exprimer des émotions complexes. Cette altération linguistique est une métaphore directe de la fragmentation de l'identité et de la perte de repères causée par l'exil.

Mélange des langues et changement de code

Les personnes en exil développent souvent un discours caractérisé par le mélange des langues, connu sous le nom de code-switching. Ce phénomène linguistique consiste à alterner entre deux langues ou plus dans une même conversation, souvent de manière inconsciente. 

Le code-switching peut refléter la lutte interne entre deux identités culturelles ou linguistiques et symbolise la tension entre le passé et le présent, entre l'ancien et le nouveau chez les personnes exilées. Ce mélange des langues peut être une tentative de préserver une partie de l'ancienne identité tout en s'adaptant à une nouvelle réalité, mais il peut aussi signaler une confusion ou un conflit intérieur profond, résultant du traumatisme de l'exil.

Métaphores de l'errance et du déracinement

Les traumatismes de l'exil sont fréquemment exprimés par des métaphores liées à l'errance, au déracinement, ou à la perte d'un foyer. Les exilé-e-s utilisent souvent des images telles que celles du « désert », de la « mer » ou du « vent » pour évoquer leur sentiment d'être perdus ou en transition constante. 

Ces métaphores permettent de communiquer les émotions complexes associées à l'exil, comme la nostalgie, l'incertitude, et la désorientation. Par exemple, un exilé peut parler de « marcher dans un désert sans fin » pour exprimer le vide intérieur et l'absence de direction ressentis après avoir quitté son pays d'origine. Ces images sont des tentatives de donner un sens à une expérience qui est souvent difficile à verbaliser autrement.

Silence et non-dits

Le silence est une composante significative de l'expression linguistique des traumatismes de l'exil. De nombreux exilé-e-s éprouvent une difficulté ou une réticence à parler de leur expérience, soit parce qu'ils ne trouvent pas les mots pour décrire l'indicible, soit parce que le récit de leur histoire est trop douloureux à revivre. 

Le silence peut également être une stratégie de survie, où les personnes choisissent de ne pas partager leur histoire pour éviter le stigmate, la discrimination, ou pour protéger leurs proches restés au pays. Les non-dits deviennent ainsi des marqueurs de l'expérience traumatique de l'exil, où le passé reste en suspens, non exprimé, mais constamment présent dans le quotidien de le personne.

We need your consent to load the translations

We use a third-party service to translate the website content that may collect data about your activity. Please review the details in the privacy policy and accept the service to view the translations.