Projets de recherche-action
 

Projet TraumaLing

TraumaLing : L'expression linguistique des traumatismes psychiques
▶ Ce projet propose d’explorer la manière dont les traumatismes psychiques sont articulés à travers le langage par les personnes vivant ou ayant vécu en zone de conflit. En se concentrant sur les récits personnels, l’étude vise à dévoiler les schémas linguistiques associés aux expériences de la guerre, du déplacement forcé et de la confrontation à la mort.
▶ Ce projet vise l'analyse approfondie des narrations traumatiques pour comprendre comment l'expérience de la guerre modifie la façon dont elles expriment leur souffrance psychique. Cela implique d'explorer les influences culturelles et contextuelles sur leur discours, ainsi que les mécanismes narratifs employés pour traduire ces expériences traumatisantes.

L'expression linguistique des traumatismes psychiques

Altération du langage et mutisme

L'un des signes les plus frappants de l'expression linguistique des traumatismes psychiques est l'altération ou la perte partielle du langage, souvent manifestée par le mutisme. Les personnes, en particulier les enfants, qui ont vécu des événements traumatisants peuvent devenir incapables de verbaliser leurs expériences

 Ce mutisme peut être total ou sélectif, et il est souvent associé à un état de choc émotionnel profond. Les traumatismes inhibent l'accès aux ressources linguistiques nécessaires pour articuler la douleur, la peur, ou l'angoisse ressentie. Ce phénomène est particulièrement observé chez les personnes qui ont vécu des violences extrêmes ou des situations de terreur prolongée.

Discours fragmenté et désorganisé

Un autre aspect fréquent est la fragmentation du discours. Les individus traumatisés peuvent avoir du mal à raconter leurs expériences de manière cohérente, souvent en raison de la nature intrusivement fragmentaire de leurs souvenirs traumatiques. Leur discours peut devenir désorganisé, avec des sauts de sujet imprévus, des répétitions ou des trous de mémoire.

Cette désorganisation reflète une difficulté à structurer et à intégrer l'expérience traumatique dans un récit cohérent, en raison de l’impact de l’événement sur les processus de mémoire et de cognition. Les pensées deviennent désordonnées, et le langage suit ce chaos intérieur, exprimant l’impossibilité de mettre en mots une expérience trop douloureuse ou incompréhensible.

Usage de métaphores et de symboles

Les personnes ayant subi des traumatismes psychiques recourent souvent aux métaphores, symboles ou récits indirects pour exprimer ce qu’ils ne peuvent dire directement. Les métaphores servent à détourner l’attention des détails crus de l’expérience traumatisante, tout en permettant de communiquer une part de l'émotion ou de la souffrance liée à l'événement.

Par exemple, un enfant ayant vécu un bombardement pourrait parler de « monstres » ou de « tempêtes » pour évoquer le danger sans revivre directement la terreur associée à l'événement réel. Ces expressions symboliques sont un moyen pour l'esprit de traiter l'expérience d'une manière plus gérable, en transformant la réalité traumatique en images moins effrayantes.

Silences et ellipses narratives

Les traumatismes psychiques sont également exprimés par l'usage de silences et d’ellipses dans les récits. Les silences peuvent représenter des moments où les mots font défaut, ou où le traumatisé choisit consciemment d'éviter de revivre certains aspects de l'expérience en les omettant.

Ces ellipses narratives révèlent des zones de l'expérience qui restent inaccessibles, même à la réflexion consciente. Elles sont autant d’indicateurs de la profondeur de la blessure psychique. Le silence, ici, devient une langue en soi, exprimant ce qui ne peut être articulé verbalement, et signalant les limites du langage face à l'indicible.

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